Un homme âgé applique des gouttes pour le glaucome

L’empathie médicale dans le diagnostic du glaucome

La recherche d'informations médicales sur Internet est de plus en plus courante parmi les patients, que ce soit après un diagnostic ou en préparation d'un traitement médical ou chirurgical. Une simple recherche sur Google à la question « Que se passe-t-il si on me diagnostique un glaucome? » peut souvent aboutir à des résultats alarmants, tels que « Le glaucome peut entraîner la cécité ». Malheureusement, beaucoup de gens s'arrêtent là, sans creuser davantage pour découvrir que, avec un traitement et un suivi appropriés, la perte de vision peut être évitée. Cette situation met en évidence la nécessité d'une communication médicale efficace, qui repose sur la compréhension des émotions et des besoins des patients.

Au moment du diagnostic, il est crucial que les patients reçoivent non seulement des informations sur la maladie, mais aussi des nouvelles positives, telles que les options de traitement disponibles et leur taux de réussite. Une communication ouverte et empathique peut aider à prévenir l'anxiété et instaurer la confiance entre le patient et le médecin. Dans cet article, nous examinerons comment annoncer des nouvelles difficiles aux patients, en particulier le diagnostic de glaucome, et comment traiter la dépression chez les patients atteints de cette maladie.

Annoncer une mauvaise nouvelle

Comprendre le protocole SPIKES

Lorsque les médecins doivent fournir un diagnostic difficile ou un pronostic à long terme, ils peuvent suivre un protocole utile appelé SPIKES, qui comprend six étapes.

1. Préparer l'entrevue

La première étape consiste à préparer l'entrevue. Il est essentiel d'inviter le patient dans une pièce calme, de garantir la confidentialité et de demander s'il souhaite être accompagné par un proche. Il est important que le médecin consacre suffisamment de temps au patient, sans interruption, pour répondre à ses questions.

2. Évaluer la perception du patient

La deuxième étape est d'évaluer la perception du problème par le patient. Demander au patient ce qu'il sait déjà sur le glaucome peut donner des indications sur son niveau de compréhension et ses craintes, ce qui permet au médecin d'orienter la discussion.

3. Obtenir le consentement du patient

La troisième étape est d'obtenir la permission du patient pour fournir des informations sur sa maladie. Il ne faut pas sous-estimer cette étape, car certains patients préfèrent retarder ou éviter la discussion sur leur maladie.

4. Transmettre l'information

La quatrième étape se concentre sur la transmission des connaissances et de l'information au patient. Le médecin doit fournir des informations sur la maladie et les options de traitement possibles de manière concise et adaptée aux connaissances du patient. À ce stade, mettre en avant les aspects positifs, comme le taux de réussite du traitement, est essentiel.

5. Reconnaître les émotions du patient

La cinquième étape consiste à accueillir les émotions. Le médecin doit identifier les émotions exprimées par le patient et leur cause. Il est important de permettre au patient d'exprimer ses émotions pour montrer une compréhension empathique.

6. Résumer la conversation

La sixième et dernière étape est le résumé. Le médecin doit demander au patient s'il a d'autres questions et expliquer les prochaines étapes.

La dépression chez les patients atteints de glaucome

La dépression est une réalité parmi les patients atteints de glaucome, comme l'ont montré des études. Une étude basée sur une population taïwanaise a révélé que les patients atteints de glaucome avaient un risque cumulatif de dépression significativement plus élevé que le groupe témoin. L'âge avancé, le sexe féminin, les faibles revenus, la toxicomanie et le fait de vivre seul sont des facteurs de risque significatifs de dépression.

Une autre étude a montré que 12,5 % des patients ayant reçu un récent diagnostic de glaucome présentaient des symptômes de dépression légère ou plus grave. La fonction visuelle signalée par le patient était un facteur prédictif majeur de la dépression. Il est donc essentiel de reconnaître les signes de dépression chez les patients atteints de glaucome.

Dépistage de la dépression

Le dépistage de la dépression peut être effectué avec un questionnaire à deux questions (PHQ-2) qui demande si le patient a ressenti de la dépression ou du désespoir et s'il a eu peu d'intérêt ou de plaisir à faire des choses au cours des deux dernières semaines. Un score de 3 ou plus indique une sensibilité et une spécificité élevées pour la dépression.

Relation entre dépression et suicide

Les patients déprimés ont un risque de suicide plus élevé, soulignant l'importance du dépistage de la dépression et du risque de suicide. Le dépistage des idées suicidaires peut se faire rapidement avec cinq questions simples :

1. Au cours des dernières semaines, avez-vous souhaité être mort?
2. Au cours des dernières semaines, avez-vous pensé que vous ou votre famille seriez mieux si vous étiez mort?
3. Au cours des dernières semaines, avez-vous pensé à vous suicider?
4. Avez-vous déjà essayé de vous suicider?

ET SI LE PATIENT RÉPOND OUI À L’UNE DE CES QUESTIONS :
5. Pensez-vous en ce moment à vous suicider?

Selon un rapport de l'Agence de la santé publique du Canada, 11,8 % de la population a eu des pensées suicidaires au cours de sa vie. Malgré cette statistique alarmante, le dépistage est rarement effectué.

Prise en charge du patient suicidaire en clinique

En cas de risque suicidaire, il est essentiel de transférer le patient aux urgences pour une évaluation psychiatrique. En attendant le transfert, la clinique ophtalmologique doit garantir la sécurité du patient.

Conclusion

La communication empathique est essentielle dans le diagnostic du glaucome et la gestion de la dépression chez les patients atteints de cette maladie. Les médecins doivent fournir des informations complètes, tout en reconnaissant les émotions des patients. La prévention de la dépression et la réduction du risque de suicide chez les patients atteints de glaucome nécessitent une approche de soins d'équipe, impliquant le personnel clinique, la famille et d'autres professionnels de la santé. En fin de compte, il est important de se rappeler que la prise en charge des patients ne concerne pas seulement la maladie, mais aussi la personne qui la vit.

 

Ce texte est un résumé d'un article scientifique écrit par Dr Paul Harasymowycz et Dre Oksana Kaminska, vous pouvez le consulter en cliquant ici.